16 Mars 2016
Contrairement à un tas d'autres noms de villes lieux ou pays , Bogota ne m'a jamais fait rêver. Juste qu'il était plus malin d'en repartir puisque je venais à Cartagena. J'ai voulu zapper, rester sur la côte, prendre mon vol au dernier moment. L'annonce du Festival Latino Iberico a vaincu une appréhension cultivée par les médias.
Quatre jours, 11 millions d'habitants, 2650m d'altitude . Envie de communiquer ! Je cherche sur le site machin, un logement chez l'habitant pour changer des colonies de vacances pour djeuns. Bingo, dans un quartier peinard, une jolie maison et deux nanas . Passons les complications bureaucratiques du dit site, j'arrive chez Flor. Mieux c'était impossible. Maison de brique rouge, un quartier à l'air anglais. Des avenues comme à Barbes en prime avec au milieu les quais du Transmilenium, système de bus immenses qui se prennent pour un métro à l'air libre dans toute la ville.
Une voiture de pompier barre la rue! mince pourvu que ! Une trombe d'eau vient de tomber, l'arbre du coin de la rue menace faillite, faut l'abattre. Flor m'accueille, ses chiens et le voisin aussi, elle me serre dans ses bras me montre sa maison dévastée, le plafond de la cuisine par terre, gouttières et plombier partout. Ma chambre, grande et belle, indemne. Deux questions plus tard, elle a téléphoné à ses potes, j'ai à peine le temps de poser mon sac que je pars pour la Septima (avenue la plus importante.)
Défilé du festival. Il pleut, tout Bogota dans la rue, on voit passer les troupes pendant des heures, musiques, puis direction La place Bolivar . Discours d'inauguration , concert de mariachis qui, à mon étonnement ne chantent pas que du mexicain, élargissent leur répertoire pour faire chanter la foule. Zont eu du mal avec les balances, les trompettes et les cordes vocales mais au bout d'un moment mes oreilles se détendent. Feu d'artifice des plus nourris . Course à travers la Candelaria, le plus vieux quartier, le plus touristique, le plus dangereux la nuit etc...pour atterrir dans un théâtre/ bar bricolé (coucou l'Atalante, coucou Anères !) pour un représentation du festival Alternatif (qui double l'autre!) trois argentins en pleine forme jouent La Fabrique de Papier . Le tohubohu se calme sur la fin. Mes gardes du corps se font plus nombreux, je mélange les prénoms, Willman, Julian, Alejandro et l'argentin ...je sens qu'une longue nuit les attend. On m'appelle un taxi.
Parce qu'il vaut mieux ne pas prendre un taxi dans la rue, tu ne sais pas à qui tu as affaire ...(à faire?) peuvent t'entrainer dans les aventures pas cool...Flor m'attend, Journaliste, écrivain, belle nana d'une force pas croyable, magnifique . Sa nièce Tania, Johanna un journaliste allemande vivent ici, la maison est ouverte aux amis. Deux chats se prélassent entre les jambes.
Dimanche, encore les ouvriers, almuerzo partagé, farniente. Invitation à un repas cubain avec la bande d'hier + d'autres. Le processus de paix colombien (je ne maîtrise pas tout) est en pourparlers à la Havane, Jean Miguel y participe, cubain lui même . Sa mère a fait le repas. On attend très longtemps en bavardant sur la terrasse (surtout du Vénézuela et de Chavez) que les derniers couchés se relèvent.. Ils arrivent avec la pluie. Délicieuse nourriture servie dans des packs en porexpan. Je compte entre 15 et 18 convives qui tournent. Le rhum enfin , avec lui un jeu de société rigolo sur lequel ils se jettent comme des fous. Le soir tombe, on n'a pas parlé des processus de paix mais le cubain est parent avec la directrice du festival de ciné de la Havane...
On est 7 dans la voiture, retour chez Flor . Repas du dimanche soir, chocolat chaud, brioche et fromage. Me posent plein de questions sur la France...Au fait ici les corridas sont désormais interdites
Deux jours pour pointer mon nez toute seule dans la ville immense! Un moment pour comprendre les carreras, les calles, toutes avec des numéros, les quartiers.Les bus du Trasmilenio, aux heures de pointe (mais ne serait-ce pas TOUTE la journée? ) sont champs de bataille, tous les coups permis, je me coince une main dans la porte. Les montagnes au bout des rues en point de repère.
Candelaria et le centre: Musée Botero la merveille qui fait du bien, gratuit sur ordre du maître, des surprises et sa collection perso de ses contemporains, du très beau monde.
Musée de l'or, histoire de l'or à travers les âges, inouï étalage d'objets sacrés et utilitaires, faudrait y passer sa vie, je traverse vite le soleil m'attend dehors et le café pris dans la rue.
La cinémathèque élégante, suis en manque, des trucs à bouffe partout partout , tu regrettes de n'avoir pas faim, des gâteaux à mourir, des murales et la longue discussion avec un peintre Saul Guttierez qui me vend du café.
Nombreux kilomètres sur la Septima piétonnière, nez au vent et commencer enfin à comprendre que l'image était fausse. Par moments ne plus savoir où je suis, Istamboul? Le Caire? C'est le centre, tours, parcs monuments en équilibre, agitation de bon aloi. Flor me dit qu'autour c'est misère profonde...Comme à Cartagena, il faut dar papaie (faire semblant)
dernier soir user de mon identité bayonnaise pour entrer voir Mar de la troupe du Téatro des Andes, chère à JM Broucaret.
Sur le thème de la mer volée aux boliviens par les chiliens, péruviens et anglais. Très douloureuse blessure, découverte en Bolivie, qui réclame encore longtemps après la guerre du Pacifique que l'ouverture sur la mer lui soit rendue.
La boule est bouclée, et je dois faire mon sac c'est pour tout à l'heure! Et Flor qui dit, reste encore .....Ah misère , ces départs!
PS: note à l'usage des lecteurs anonymes et des autres, je reste à l'écoute de vos réflexions ou demandes de précisions, voire de critiques merci de communiquer, Soyez heureux !